Through those that sing and sang,
Fall the ring that rang.

Ces lignes étaient une sorte de starter pour Sir Gile. Une formule qui lui permettait de déflorer la feuille vierge pour combattre le syndrome de la page blanche. Assis au milieu du café, sur une petite table circulaire à l’allure vieillie, il observait d’un air distrait les petites volutes que formaient les cigarettes au dehors de l’édifice ancien. Les gens parlaient autour d’une cigarette, ils s’échangeaient des mots sans importance, parlant de ce qu’ils n’avaient pas besoin de cacher au monde. Il haussa un sourcil. C’était une étrange habitude que de parler des petites choses de la vie en partageant une activité qui rapprochait peu à peu de la mort. Mais après tout, ne nous approchions-nous pas tous peu à peu de la mort.

Bitter coffee and dreadful smoke
Won’t tell the liars the dreams that choke.
Stifle what lies beneath,
Take in the healthful wreath,
O lustful cravings of darkness
That have made customers so helpless.

Wonfred jeta un œil curieux à sa feuille, comme si le crayon avait écrit de lui-même, puis soupira. Masquant ses vers sous des coups de crayons honteux, il barra la strophe qu’il venait d’écrire. Que c’était mauvais… Parler de cigarette, n’avait-il donc que ça à faire ? Et soudain il posa son ustensile de travail… Oui, il n’avait plus que ça à faire ! Ha… Mais que fallait-il donc pour trouver l’inspiration ? Il leva les yeux au ciel… Au plafond, plutôt… Il était dans une des villes les plus belles qui soient, à l’histoire encore si présente. Ne pouvait-il pas arriver à trouver autre chose que des histoires de tabac. Il termina son café d’un trait et posa doucement la tasse dans sa coupelle.

Il resta tranquillement assis à sa table, levant paresseusement la main pour qu’un garçon le remarque avant de lui commander une dose de caféine égale à la précédente. L’endroit était particulièrement bondé, il faut bien dire que les quartiers typiques comme celui-ci sont de véritables nids à pigeons. Les migrateurs touristiques étaient d’une espèce qui proliférait dans cette ville et ce venant de toutes les régions du monde. La foule, le bruit, ça n’avait rien pour plaire au britannique, mais bon, au moins il profitait d’un bon café et d’un beau décor. C’était plus que ne pouvaient en dire certains. Tournant doucement la tête, il prit soin d’estimer l’attente qu’il lui faudrait endurer avant qu’un employé de l'établissement prenne sa demande en compte.