Venise, pendant la nuit, dans les alentours de minuit, Ivano devait rencontrer un informateur, qui avait quelques mots à lui dire à propos des Templiers. Il était tout près de son informateur, quand il le vit mourir d’une façon étrange. Ivano c’était donc caché derrière un mur. Il était précisément 23h37. L’Assassin attendit donc que tout revienne au calme. Évidemment à cette heure, même s’il n’y avait personne, tout était mouvementé. La faucheuse humaine décide de grimper sur un toit à partir de deux murs. Arrivé à sa destination il vit l’ombre d’une silhouette qui venait vers le cadavre suivi de la silhouette elle-même. À coup sûr c’était un Templier ou plutôt dans ce cas-ci «une» Templier. Les traits fins du corps, bien qu’éloignés, explosaient tout de même de tous les sens. De plus que les cheveux longs, mais cependant attachés donnait la certitude que c’était bel et bien une femme. Ivano qui admirait la scène vue des airs remarquait bien la finesse corporelle à laquelle cette agente Templier se déplaçait et fouillait le corps inerte de son informateur. Côté luminosité, quelques lanternes éclairaient faiblement la place et la lune -du moins son reflet- était omniprésente ce qui donnait une mélange bleuté à la blancheur de l’ambiance que procurait les lanternes.

L’Assassin descendit donc tranquillement du toit sur lequel il était pour ensuite s’approcher discrètement de la victime et de cette agente qui s’emblait avoir tué l’homme avec une balle. L’Assassin déclencha sa lame cachée, ce qui la fît sortir se sa manche. Une oreille attentive aurait pu entendre le déclic du mécanisme de la lame, mais Ivano se fiait sur le principe que les Templiers étaient tous bêtes en général et qu’ils ne se doutaient pas de beaucoup de choses. Silencieusement, il approchait toujours plus de la scène de crime. Pour ne pas qu’elle se soit retournée encore, Ivano confirmait de plus en plus sa théorie à propos des Templiers. Cependant, il ne savait pas qu’il était tombé sur une femme qui est plutôt assez coriace en plus d’être totalement charmante et sexy. C’est souvent le danger avec les femmes. Elles nous ont avec leurs charmes de destruction massive et ensuite elles nous tuent. Dans ce cas, c’est pratiquement littéral comme affirmation. Arrivé à quelques mètres de la Templier, il s’arrêta lames prêtes à déchirer des peaux et à faire couler le sang et dit tranquillement sur un ton ironique :

-Hey bellezza(1), laisse les adultes s’amuser entre eux… Tes patrons auraient du envoyer quelqu’un de plus compétant.

Ivano la vit plus tôt fouiller sur le corps et y placer quelque chose dans la bouche. On dirait qu’elle avait planifié tout depuis le début de cette nuit pour ce qui est du cadavre.

À l’instant où Ivano a parlé, elle resta rigide sur place et n’a pas bougé pendant un petit bout… Aurait-elle eu peur? Sinon, serait ce de la surprise? Chose certaine, cette femme n’était pas du tout confortable à l’idée que je sois devant –ou plutôt dans le cas présent- derrière elle. Le banquier fit un pas de plus vers la jeune femme qui n’osait pas encore répondre avant quelques secondes d’intervalle.

-Voyons… Sérieusement, les Templiers ont vraiment cru qu’une bella giovane signorina(2) comme toi pourrait réussir à tromper un Assassino tel que moi? Ils me connaissent mal.

Ivano ne voulait pas la tuer tout de suite, donc il commença par lui lancer seulement, à la suite de l’autre, 4 couteaux. Comprendra-t-elle le message de ne pas se confronter un Auditore?

La voix de l’Assassin – car ce ne pouvait être qu’un de ces fantômes en blanc – avait eut l’effet d’un tranquillisant sur elle. Non pas qu’elle ait été effrayée – après tout, en tant que Templière, elle avait assisté dans sa vie à des horreurs inimaginables, souvent commises sous son commandement. Seulement, elle ne s’était pas attendue du tout à tomber sur un Assassin, et surtout pas après avoir commis un meurtre, bien qu’elle ait plutôt vu sa mission comme un peu de nettoyage à effectuer pour la bonne portance de l’Ordre des Templiers. De plus, elle était de dos, impossible donc pour elle de voir clairement le visage de son interlocuteur sans avoir à se retourner, et c’était hors du question. Après tout, en tant que noctambule, elle se devait de rester discrète, silencieuse et professionnelle : révéler son visage à un Assassin, qui plus est à leur chef – car ce ne pouvait être que ce vieux bougre d’Auditore – n’était pas la bonne manière de procéder, et elle ne se risquerait certainement pas à une telle connerie. Comme Ivano était le directeur de la banque de Venise et donc un homme d’affaires assez important dans la ville, son visage était connu de tous, même de ses ennemis les Templiers. Ce n’était pas le cas d’Olivia, qui avait toujours maintenu un silence quasi-religieux quant à son identité. Ses contacts ignoraient son nom et, à part peut-être ses supérieurs, rares étaient ceux qui savaient ou la joindre à n’importe quelle heure du jour et de la nuit. Elle n’avait pas particulièrement envie que les choses changent, car cela lui avait permis jusqu’à maintenant de mener une vie sociale plus ou moins normale. Mais si Auditore voyait son visage – et si il décidait de ne pas la tuer, ce qui la surprendrait grandement -, il pourrait en informer ses fidèles Assassins. Elle n’avait jamais eut à essuyer de tentative d’assassinat direct et la chose ne la tentait pas vraiment. Non seulement parce que son père ne le lui aurait jamais pardonné, mais aussi parce qu’elle avait envie de progresser encore un peu au sein de l’Ordre, chose qui ne serait pas possible si elle se faisait bêtement assassiner. Mais peu importait pour le moment.

Auditore déblatérait toujours dans son dos – si elle savait qui il était, lui l’ignorait, bien évidemment. Il ne savait pas non plus de quoi elle était capable, et une pointe d’arrogance perçait dans le ton qu’il employa pour se moquer de ses supérieurs, qui lui avaient envoyé quelqu’un de supposément incompétent. Il la connaissait mal. Au bout d’un moment, il sembla perdre patience – sans doute était-il pressé de la tuer. Durant une fraction de seconde, elle perçut le bruit de quelque chose qui est lancé, suivi de plusieurs autres dans le même genre. Des couteaux de lancer ? Des couteaux de lancer ? Mais quelle méthode moyenâgeuse employait-il, le fou ? Elle grimaça lorsque l’un d’eux lui écorcha le bras ; un autre siffla au ras de son oreille, un autre lui entailla la jambe, et l’autre se ficha directement dans la gorge de l’informateur. Déjà mort, le pauvre ne dut rien sentir, mais un sang épais et visqueux se mit à couler le long de sa poitrine. Elle ne cilla pas. Elle avait vu pire. Elle ne tenta pas non plus d'éponger le mince filet de sang qui coulait de sa blessure au bras – c’aurait été faire preuve de faiblesse, et elle n’était pas faible.

- Ivanno Auditore, dit-elle d’une voix forte, sans se retourner. Mes maîtres étaient certains que votre Confrérie vous avait envoyé à l’abattoir depuis longtemps. Ne vous faites-vous pas un peu vieux pour ce genre de travail ? Vous devriez vous contenter de rester assis sur votre chaise à la Banque de Venise.

Elle ignorait quel âge il pouvait bien avoir. Quarante ans, cinquante ans ? Peu lui importait. Il n'était plus tout jeune, en tout cas, du moins, plus dans sa prime jeunesse. Des Assassins bien plus jeunes - et bien plus médiocres, sans aucun doute, ce qui était la pire des insultes au vu de l'opinion qu'elle avait d'Ivano - que lui avaient rejoint les rangs de la Confrérie depuis le temps, à commencer par ses propres fils. Comment aurait réagit ce vieux fou si les Templiers avaient décidé, un beau matin, d'installer des bombes tout autour de sa demeure pour faire un peu de casse ? Et s'il y avait perdu un fils, ou deux, ou tous, tant qu'à y faire ? C'est ce qu'il méritait. Après tout, il ne devait pas être étranger à ce qui était arrivé à sa famille... mais ce n'était pas important. Elle sourit, même si elle lui tournait toujours le dos. Mais il fallait tout de même qu'elle trouve quelque chose qui pourrait le retenir de lui trancher la gorge ou d'utiliser un quelconque autre coup bas dAssassin.

- Vous pensez vraiment que mes frères et mes sœurs – au sens figuré, mais vous devez bien le savoir – me laisseraient sortir dehors, dans le noir, toute seule, en ne sachant pas du tout si je vais revenir en vie ? demanda-t-elle en riant presque, car elle avait au fond d’elle-même que la réponse était : oui. Combien d’entre eux nous regardent, selon vous ? Combien d’entre eux pointent leur arme sur vous ? Un pas, et vous êtes mort, signore.

Elle avait toujours bien menti - du moins, de l'avis de ceux et celles qu'elle avait trahit et qui n'avait trouvé pour se justifier, outre leur incompétence majeure, son talent inné pour la fourberie. Nul doute que, même si Auditore n'était pas convaincu, il ne prendrait pas trop de risques, du moins elle l'espérait. Elle n'avait jamais vraiment eut de mal à mettre K.O les autres Templiers ainsi que les courtisanes et les voleurs, mais contre un Assassin, elle doutait.

Bon, d’accord, il lui fallait admettre une chose : son plan n’avait pas fonctionné. Non seulement l’Assassin n’avait-il pas crus à son histoire débile de Templiers cachés un peu partout, mais de plus il avait réussit à l’atteindre au pied – et ça faisait un mal de chien. Pire encore : il avait découvert le papier dans la bouche du cadavre et l’en avait bien évidemment retiré, ce qui faisait tomber l’autre partie de son plan à l’eau. Ce n’est pas parce que tout est en train de foiré que tu as échoué, se dit-il pour se remonter le moral, mais elle savait que ses patrons ne seraient pas du tout du même avis, à moins qu’elle parvienne à faire un truc bien de sa soirée. Auditore l’avait contournée pour se planter face à elle et elle ne pouvait que soutenir son regard arrogant. Tellement de fierté, tellement d’orgueil… c’en était presque écœurant. Il était plus grand qu’elle, beaucoup plus imposant aussi, et sans doute lui serait-il impossible de remporter un combat contre lui à mains nues. Sans doute avait-il crut soulever un de ses points faibles en parlant de ses confrères et consœurs qui l’abandonnaient ainsi à son sort : ce n’était pas exactement comme ça que les choses fonctionnaient dans son esprit. Ses maîtres étaient aux petits soins avec les nouveaux ; des enfants, des gamins qu’il fallait sans cesse surveiller. Elle avait au moins le mérite d’un peu d’autonomie et qu’une quelconque autorité, du moins, en général. Elle s’était toujours débrouillée toute seule et les choses n’avaient jamais vraiment mal tournées – du moins, pas jusqu’à aujourd’hui, et elle n’avait pas du tout envie de les voir changer. Elle fronça les sourcils en l’entendant parler de la Mort qui lui obéissait supposément : un fou. Un véritable fou.

Il avait peut-être vu son visage, mais il ne pouvait qu’ignorer son nom et son identité, ce qui était en soi une bonne chose. Rares devaient être les Templiers pouvant se vanter d’avoir vu le chef des Assassins en personne – elle serait du lot, du moins, si elle survivrait, ce qui serait le cas, à n’en pas douter. Cela faisait près de dix ans qu’elle œuvrait pour les Templiers. Bon, d’accord, le début de sa ‘’ carrière ‘’ avait été composé uniquement de petites missions sans importance qui rabaissaient son égo plutôt que de l’élever, mais les choses avaient changé maintenant. Ce ne devait pas être le cas d’Ivano, qui empestait littéralement l’orgueil.

- Vous êtes un peu comme un… un hamster, déclara-t-elle d’une voix très sérieuse. Vous courrez dans votre petite roue, donc, vous restez sur place, sans jamais atteindre votre but. Tous ces gens que vous tuez ne constituent que le bas échelon de notre Ordre. Jamais vous n’atteindrez les Borgias.

La métaphore avait quelque chose de risible, bien évidemment, mais c'était la vérité. Ivano Auditore était un hamster en quête de gloire. Elle ne doutait pas qu'il devait être plus intelligent qu'un rongeur - sinon, à peine - mais ses méthodes et l'arrogance dont il faisait preuve ne laissaient aucun doute sur ses intentions futures : détruire l'Ordre des Templiers. Et ça, il n'en serait jamais capable, car personne n'avait jamais réussit à le faire avant lui. Même s'il tuait les Borgias, d'autres chefs feraient leur apparition, et tout redeviendrait comme avant. Elle porta la main à son bras pour éponger le sang qui en coulait, sans se soucier de ce qu'en penserait son adversaire. Elle n'avait pas mal, mais elle ne pouvait pas prendre le risque que son sang imprègne les pavés de la Place Saint-Marc, à côté d'un cadavre surtout.